Les télomères : un biomarqueur moléculaire pour évaluer l’état des populations d’oiseaux marins ?
En tant que prédateurs supérieurs, les oiseaux marins jouent un rôle important au sein des écosystèmes marins. Cependant, les oiseaux de mer du monde entier sont confrontés à un large éventail de stress environnementaux, tels que le réchauffement climatique, la dégradation de l’habitat et les captures accidentelles (pêcherie), et de nombreuses populations d’oiseaux de mer sont actuellement en déclin. Traditionnellement, identifier le statut des populations d’oiseaux marins prend beaucoup de temps et de moyens car cela nécessite des années de collecte de données démographiques. Récemment, certaines études ont suggéré que des télomères plus longs, les régions répétitives d’ADN non codant situées à l’extrémité des chromosomes, sont associés à une meilleure qualité individuelle. Cela a conduit à la proposition que la longueur des télomères pourrait être un biomarqueur moléculaire prometteur pour évaluer l’état de santé des individus et donc le statut de conservation des populations des vertébrés sauvages. Sur la base de cette idée, ma thèse vise à tester si la longueur des télomères peut être utilisée pour évaluer les tendances démographiques des populations d’oiseaux de mer.
Bien que les télomères raccourcissent inexorablement au cours de la vie d’un individu, ce raccourcissement ne suit pas un schéma linéaire : il est plus rapide au cours du développement qu’à l’âge adulte et peut être accéléré par de nombreux facteurs, tels que le mode de vie et le stress. Par conséquent, pour déterminer si la longueur des télomères peut être un outil de diagnostic fiable des tendances démographiques, nous devons d’abord répondre à certaines questions sur la dynamique des télomères : 1) quels facteurs peuvent affecter la variation de la longueur des télomères et la dynamique de leur raccourcissement, et 2) quel est l’importance relative de ces facteurs lors de différents stades de la vie des individus.
Dans ma thèse, je cherche à répondre à ces questions en étudiant la dynamique des télomères d’une série d’espèces d’oiseaux marins de l’Arctique et des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Ces populations ont été suivies pendant des décennies pendant les saisons de reproduction et/ou d’hivernage, fournissant des données sur les conditions de développement des oiseaux et sur leur vie adulte. Après avoir répondu à ces questions, je vais tester la pertinence de la longueur des télomères comme outil de diagnostic des tendances des populations d’oiseaux marins en comparant la longueur moyenne des télomères de populations présentant différentes tendances démographiques (stabilité, augmentation ou diminution de la taille de la population).
Doctorant au sein des équipe ECOPHY et PREDATEURS MARINS (2023-2026)
Encadrants : Frédéric Angelier, Christophe Barbraud, Olivier Chastel
Ecole doctorale : EUCLIDE (La Rochelle Université)
Financeurs : La Rochelle Université, IPEV, ANR
Mail : jingqi.liu(at)cebc.cnrs.fr