Influence des paysages agricoles sur les reptiles : dégradation des habitats et exposition aux contaminants
Les paysages agricoles représentent plus de la moitié du territoire français et influencent à grande échelle les espaces disponibles pour la biodiversité. L’intensification de l’agriculture et la transition vers des pratiques industrielles a grandement modifié la structure des paysages (disparition des haies et des friches) et augmenté l’exposition aux contaminants dans l’environnement (insecticides, herbicides, fongicides). Ces deux types de perturbations font partie des causes principales de la disparition des espèces, mais très peu d’études se sont penchées sur le cas des reptiles. Ces espèces peu mobiles sont pourtant très sensibles à l’altération des paysages. Leur position élevée dans la chaine trophique et leur métabolisme lent peut favoriser l’accumulation de contaminants. Plusieurs travaux récents ont alarmé sur la diminution des populations. L’objectif de ma thèse est d’étudier l’impact de ces perturbations sur les reptiles squamates (lézards et serpents).
La première question à laquelle nous cherchons une réponse est : Où sont les reptiles dans les paysages agricoles ? Dans une première étude, nous voyageons dans le temps en comparant la présence de reptiles dans un paysage actuel, dégradé par l’intensification des pratiques agricoles, et dans un paysage préservé depuis les années 60. Dans un second temps, nous étudierons les populations dans un gradient de pratiques agricoles pour examiner notamment l’importance des prairies et de haies structurées.
La deuxième partie de ma thèse portera sur les contaminants qui peuvent avoir des effets directs sur la mortalité mais aussi des effets sub-létaux sur la physiologie et en réduisant leur capacité à se reproduire. La capacité des organismes à éliminer les contaminants peut être essentielle pour sa survie. Le changement de tégument peut offrir un moyen efficace de détoxication comme mis en évidence chez les insectes, mammifères et oiseaux. Les mêmes mécanismes devraient être observés chez les serpents squamates qui renouvellent régulièrement de peau en muant. Cette partie de la thèse sera menée dans différents milieux représentatifs des gradients de contamination et en considérant des espèces avec des modes de vie contrastés.
L’ensemble de la thèse vise à mieux comprendre les liens entre les reptiles et les pratiques agricole afin d’améliorer les stratégies de conservation de ces espèces trop souvent négligées.
Thèse réalisée en co-supervision
Olivier Lourdais (CEBC CNRS)
Aurélie Goutte (UMR METIS EPHE)