Le vautour


Vautour Fauve
Les Causses – France

Les vautours sont des espèces emblématiques, aux vols étonnants et qui jouent un rôle important au bout des chaînes alimentaires. Traditionnellement, ces oiseaux prospectaient les carcasses de moutons et d’autres mammifères, une ressource imprévisible. Mais la modification des pratiques agricoles et la transformation du paysage ont menacé leur survie. Les défenseurs de la nature ont placé des charniers pour offrir des lieux d’alimentation, mais les vautours pourraient en devenir trop dépendants. Il est donc nécessaire de disposer d’informations à une échelle fine sur l’utilisation de l’habitat de ces oiseaux. Dans le Sud de la France, les études de bio-logging sont là pour fournir des données précieuses pour la protection des vautours et de leurs écosystèmes.

Composition du bio-logger

GPS et accélérométrie

Les vautours nichent sur des falaises inaccessibles dans des canyons sauvages, sont souvent en vol à des altitudes pouvant atteindre plusieurs milliers de mètres et n’apprécient pas particulièrement la présence humaine. Un bio-logger est donc le meilleur moyen d’accéder aux informations. Ici, un GPS enregistrera des localisations précises (avec des erreurs allant de 1 à 5 m), l’altitude et la vitesse instantanée en fonction du temps. Le GPS peut être couplé à un accéléromètre qui donne des informations encore plus fines selon 3 axes sur la posture et les mouvements dynamiques des oiseaux. Une batterie rechargeable reliée à un panneau solaire miniature permettra de poursuivre les enregistrements pendant de longues périodes.

Capture et fixation du dispositif

Un insaisissable vautour

Comme nous l’avons dit précédemment, les vautours sont insaisissables, mais heureusement pour les scientifiques, ils ont un point faible : offrez-leur une carcasse fraîche et ils viendront en groupe pour la fête ! Une cage ou un filet télécommandé placé près de la carcasse et il y a de bonnes chances que vous puissiez en capturer un. Pour un déploiement à long terme des dispositifs sur les oiseaux volants avec un minimum de perturbation, un harnais fait d’un matériau non abrasif est la meilleure option.

Enregistrement des données

Enregistrements sur de longues distances

Et c’est parti ! Le vautour est relâché et les données commencent à s’accumuler. Le panneau solaire permet de s’assurer qu’il y a toujours assez d’énergie pour que le dispositif fonctionne tout au long de l’année, même si les mois d’hiver et la réduction de l’ensoleillement peuvent potentiellement limiter le stockage d’énergie. Malgré cela, les scientifiques peuvent espérer que les données affluent pendant plusieurs années d’affilée, donnant des informations sans précédent sur la biologie de l’espèce.

Récupération des données

Relais satellitaire

Comme les vautours n’aiment pas être capturés plusieurs fois de suite, l’enregistreur utilisé ici combine le meilleur du bio-logging et de la bio-télémétrie. Lorsqu’un vautour instrumenté revient à son nid, l’appareil envoie les données soit à une station terrestre proche, soit à un satellite qui les relaie à l’ordinateur du scientifique.
Les scientifiques peuvent ainsi recevoir en direct les données des vautours depuis chez eux !

Interprétation des données

Trajectoire de vol

Les données GPS sont assez simples. Elles permettent aux scientifiques de reconstituer la trajectoire de vol de l’oiseau, notamment la façon dont ils utilisent les ascendances thermiques (air chaud s’élevant du sol) pour gagner de l’altitude. Outre la trajectoire de vol, les accéléromètres fournissent également de nombreuses informations. Par exemple, un signal dynamique et hautement périodique révèle l’activité de battement des ailes. La composante basse fréquence du signal d’accélération peut donner la posture de l’oiseau et permet même de calculer leur inclinaison lorsqu’ils tournent en spirale.

Résultats

Charge alaire* et les caractéristiques de vol

Si cette étude soulève des questions évidentes en matière de conservation, elle permet également d’obtenir des résultats fondamentaux.

En répétant l’étude sur différentes espèces de vautours, des relations biomécaniques apparaissent, comme l’augmentation du diamètre des spirales réalisées dans les ascendances thermiques avec la charge alaire des espèces.

*La charge alaire est le rapport entre la masse au décollage  de l’oiseau et la surface portante de ses ailes.