Ecotoxicologie

Activité minière, métaux lourds et serpents marins


Le lagon de Nouvelle Calédonie est l’un des plus grands de la planète et un des principaux points chauds (hotspot) de biodiversité marine. Les mines de nickel représentent des enjeux économiques considérables. Les usines déversent environ 10 millions de m3 de rejets dans le lagon. Nous avons fait régurgiter des serpents marins et collecté leurs proies (poissons) contenues dans leur estomac. Les concentrations en métaux issus de l’activité minière (nickel, manganèse & chrome) mesurées chez ces poissons sont les plus élevées jamais obtenues (e.g. 20µg de Nickel par g de muscle). Les concentrations sont plus élevées dans les sites côtiers où sont situées les usines. Ces résultats montrent que l’exploitation du nickel est une source de forte contamination du lagon. Il est désormais important d’estimer les conséquences physiologiques, comportementales et démographiques sur les organismes qui y vivent.

Intrants agro-chimiques et faune en Nouvelle Aquitaine

Au sein des paysages agricoles, la biodiversité est exposée à une multitude d’intrants agro-chimiques. Au-delà d’effets létaux dramatiques, ces substances sont aussi connues comme perturbateurs endocriniens agissant sur le fonctionnement des organismes. Nous examinons les effets de ces substances chez des espèces ubiquistes : passereaux, amphibiens, présentes à la fois en zones agricoles et dans des environnements a priori plus préservés comme les forêts. Les passereaux sont soumis à ces produits phytosanitaires via leur alimentation tout au long du cycle de vie. Les amphibiens quant à eux sont soumis à ces molécules principalement au cours de leur vie larvaire. Grâce à ces études nous montrons que ces espèces sont contaminées par les produits de l’agrochimie et leurs résidus. Cette contamination se traduit par des perturbations qui influencent le développement, la morphologie, la reproduction et la survie des espèces considérées. Nos études montrent surtout que des doses très faibles de ces produits suffisent à perturber ces organismes sauvages.

Impact des polluants sur les oiseaux de l’Arctique

Bien qu’éloigné des centres industriels et agricoles, l’Arctique est le théâtre d’une pollution majeure par de nombreux contaminants transportés par les courants atmosphériques. .C’est le cas des polluants organiques persistants (POPs), comme les pesticides organochlorés (ex : DDT) et les PCB utilisés comme isolants électriques. S’y ajoutent certains POPs émergents utilisés comme imperméabilisants ou antiadhésifs (PFASs). Enfin, parmi les métaux lourds, le mercure est également très présent en Arctique. Ces contaminants perdurent pendant des décennies et s’accumulent dans les tissus des animaux polaires. Les travaux menés par l’équipe sur les oiseaux de l’Arctique (Spitzberg) montrent que mercure et POPs peuvent perturber des hormones clés pour la reproduction, réduire l’intensité des signaux colorés impliqués dans l’appariement et accélérer le vieillissement. Enfin, à partir du suivi d’oiseaux bagués, nous avons montré un impact à long terme de ces contaminants sur la fécondité, la survie et à terme la dynamique de population.

Les toxiques de l’Arctique